Trilogie du lundi #19 : Digital Digging : sous le radar avec Youtube

La trilogie du lundi c’est votre rendez-vous hebdomadaire avec trois informations musicales triées sur le volet. On ne se fixe aucune limite de thème ou de format. Notre seul objectif : vous faire découvrir, tous les lundis, trois éléments de la culture musicale sous des formes variées. Un voyage dont vos guides seront tantôt des images, tantôt des sons, tantôt des mots.

A l’art de digger s’est substitué celui de l’algorithme, de la recommandation. Fort des écoutes précédentes, les plateformes comprennent nos goûts et poussent du contenu qui y correspondent, voir les anticipent. Quand les anciens nous racontent les vinyls qu’ils se prêtaient, après avoir pris le soin de marquer leur nom à l’intérieur de la couverture en carton, les soirées passées entre potes(ses) à écouter tel émission de radio dans l’espoir de découvrir une pépite, on est à la fois admiratif de l’énergie déployée et rassuré de ne pas avoir à faire autant d’efforts pour qu’une nouvelle musique chouette soit à portée d’oreille.  

Peut-être que, pour ceux qui se battent pour ne pas céder à la facilité, le digging a simplement changé de forme. Les ventes de vinyls se portant bien (en 2018, ce sont plus de 3,5 millions d’unités ont trouvé preneurs, +11% versus 2017) témoignent d’une base grandissantes d’irréductibles du support physique. Il faut pourtant constater que le gros des recherches se fait en ligne. Bandcamp, Souncloud, Youtube, … sont les outils de ceux qui veulent chercher par eux-même, au moins de temps en temps. Comptant dans nos rangs quelques fervents digital diggers, nous avons eu envie de partager quelques uns de nos bons plans pour s’affranchir des algorithmes. 

Ce sujet fera l’objet de plusieurs chroniques. Et pour commencer, il sera question de la plateformes Youtube. Certains membres prennent la peine d’alimenter (très) régulièrement leurs chaînes de contenus hyper stylés qui méritent qu’on s’y promènent. Avant de citer des chaînes plus obscures nous voulions évoquer des chaînes qui jouissent déjà d’une belle notoriété, vers lesquelles on se tourne spontanément dès qu’on est en manque d’inspiration. Il sera ainsi question de musiciens électro filmés dans des lieux à couper le souffle, d’une chaîne de rock indé dont le responsable publie pas moins de 3 sons par jour, et d’une autre aux sonorités mixtes haute en couleurs.  

Rentrez dans le Cercle

En 2016 Derek Barbolla a la même idée qu’un bon nombre d’amoureux de la musique et du live : organiser des concerts à domicile. Ainsi, d’un projet de Webradio, Cercle évolue pour produire des lives. Tout d’abord modestes, les artistes qui participent sont de plus en plus reconnus et le concept continue d’évoluer au grès des idées de la bande qui compte alors moins de cinq membres. 

Moins d’un an après les débuts live, Cercle réussi les deux tours de force qu’on lui connaît aujourd’hui. Tout d’abord il extirpe la musique électronique du monde de la nuit. Certes les festivals et autres raves ont sorti les musiciens électroniques des salles sombres. Mais de Berlin à Détroit, c’est bien durant la nuit que la fête électronique bat son plein. Ensuite il apporte un soin tout particulier au choix des lieux dans lesquels il invite les artistes. Fini l’artiste dos au mur, lorsque Cercle organise celui-ci verra en se retournant, au choix, les montagnes du midi, les arènes d’Orange, l’aéroport de charle de Gaulle, la Cité des sciences, un désert de sel, … . 

La chaîne Youtube de Cercle est donc un plaisir aussi bien auditif que visuel. Les amoureux de l’electro y feront sûrement assez peu de découvertes, certains parleront même de mainstream tandis que d’autres souligneront les similitudes avec BE-AT.Tv. Il faut pourtant reconnaître à Cercle sa constance à la fois dans le temps (une nouvelle vidéo tous les lundis) et par sa qualité de mise en scène (la vidéo de FKJ étant sacrement ouf). A noter aussi la création d’un nouveau projet par les fondateurs en janvier dernier, Drop Music, tourné vers la musique urbaine.

All colors, no genres

« All colors, no genres », tel est le motto de COLORS. À la fois studio et webzine musical, la chaîne allemande réussit le pari de dénicher les meilleurs artistes underground internationaux. À bas les codes de l’industrie musicale : ici, seul le talent compte !

Pour que cette promesse soit réalisable, Colors propose une mise en scène simple. Un micro central, un fond monochromatique, et l'(es) artiste(s) chante(nt) une chanson, parfois inédite, et une tenue qui semble sélectionnée avec soin. 

Sur ce format, ce ne sont pas moins de 3 vidéos par semaine qui sont publiées en moyenne. Les artistes qui sont sélectionnés ont fait leurs preuves dans leurs pays d’origine et jouent de tous les genres musicaux. En France Sopico, Papooz, Agar Agar ont par exemple déjà participé à un Colors show. On a également pu y retrouver des artistes comme la belge Blu Samu, les australiens Parcels, l’américain Gus Daperton, … . Si tout n’est pas de votre goût, c’est néanmoins un excellent moyen de se tenir informé de ce qui se passe sur la scène internationale.

Indie fever avec David Dean Burkhart

Malgré les plus de 530 000 abonnés à sa chaînes YouTube, David Dean Burkhart reste un pseudonyme auquel il est difficile de rattacher un personnage physique. Certains se sont cassés les dents à le contacter sur les adresses qu’il renseigne via les différents réseaux sociaux pour en découvrir davantage, en vain. On ne retrouve guère à propos de lui qu’une interview qui remontent à plus de 5 ans.

Lorsqu’il créé sa chaîne en 2007, celle-ci héberge principalement des vidéos qu’il monte lui-même. Il récupère des vidéos rétro pour cliper des titres de rock indépendant. Rapidement les musiciens s’intéressent à son travail et font de ces montages vidéos leurs clips officiels. On retrouve ainsi David D. Burkhart à l’origine des clips de Nausea (craft spells), Above us (Hibou), ou encore Strangers (Lotus Plaza) qui cumulent chacuns à ce jour plusieurs millions de vues. 

A ce jour David D. Burkhart semble être passé derrière la caméra. On retrouve son nom en tant que réalisateur au générique de certains clips. Cela ne l’empêche pas d’alimenter sa chaîne. On y trouve pas de montage retro confectionnés par ses soins publiés récemment cependant il ajoute en moyenne 3 titres par jour. Du groupe qui fait les têtes d’affiche des festivals de l’été à celui qui fait 500 vues, on trouve de tout sur cette chaîne-radar, et surtout avant tout le monde.