La trilogie du lundi c’est votre rendez-vous hebdomadaire avec trois informations musicales triées sur le volet. On ne se fixe aucune limite de thème ou de format. Notre seul objectif : vous faire découvrir, tous les lundis, trois éléments de la culture musicale sous des formes variées. Un voyage dont vos guides seront tantôt des images, tantôt des sons, tantôt des mots.
Cette semaine nous avons été inspiré par le projet Tema festival qui se déroule jeudi 4 avril 2019 et fait le pont entre la musique et les images à travers une sélection de clips. Nous avons élargi le thème et choisi de vous proposer une trilogie de suppléments à des films musicaux. Le concept est simple, compléter les informations contenues dans des films ayant rencontré un certain succès par d’autres moins connus (ou bien des documentaires). Car ces films, s’ils ont le mérite de nous dépeindre la vie de groupe(s) de musique, de leur leader, ou même d’interprète(s), sont loin d’être exhaustifs ou encore font des clins d’œil qui nécessitent davantage de connaissances. Voici donc une liste de trois films complétée de trois supports vidéo.
Le Rock de Manchester
- Control (2007)
Le film en noir et blanc Control réalisé par Anton Corbijn sur le groupe Joy Division, ou plus précisément sur son frontman Ian Curtis, est une réussite. On marche dans les pas du chanteur depuis son adolescence, on voit la maladie s’emparer de lui tandis que son groupe commence à gagner en célébrité. L’espace sonore du film est occupé par une sélection de belles chansons, pas trop nombreuses, écrites entre autres par Kraftwerk, The Killers ou David Bowie et nous n’avons rien à redire sur le choix du noir et blanc.
- 24H Party People
Cependant, et c’est normal puisque ce n’est pas le sujet du film, Control ne témoigne pas de la vie délirante du Manchester de l’époque ni de l’après Joy Division dont les activités se sont terminées tragiquement. Si ce thème vous intéresse, il est traité par le film “24h Party People” qui en met scène les tribulations du manager de Joy Division ainsi que la naissance du prestigieux Label Factory Records qui a accompagné des groupes tels que Happy Mondays, New Order ou encore Orchestral Manoeuvres in the Dark. C’est cette histoire enivrante de Manchester, de la naissance du punk en 1976 à la mort de l’acid-house en 1992, que conte le film de Winterbottom.
Le jazz prend son envole
- Whiplash (2014)
Ceux qui ont vu Whiplash se souviennent comme nous des rythmes trépidants interprétés par le jeune Andrew Neiman (Miles Teller), en particulier de la partie batterie du morceau Caravane sur lequel il s’escrime tout au long du film et sur lequel celui-ci se termine. De même que de l’acrimonieux professeur de batterie qui pousse ses élèves à bout. Peut-être vous êtes vous demandés qui est ce “Bird” auquel celui-ci fait référence lorsqu’il dresse un portrait d’excellence et qui apparaît sur certaines pochettes des compact-disques écoutés par son jeune élève ?
- Bird (1988)
Il s’agit de Charlie Parker, dit Bird, une figure emblématique du Jazz. Aussi connu pour son inégalable jeux de saxophone que pour ses excès de drogues et d’alcool. Clint Eastwood a immortalisé la complexité de ce personnage mythique dans le film “Bird”. En fin mélomane, le cinéaste a obtenu un maximum d’authenticité musicale en utilisant de véritables enregistrements de Charlie Parker. La mise en scène adopte une structure éclatée qui parvient à évoquer la complexité douloureuse de la personnalité de Parker comme de sa musique.
Dans l’intimité de Bob Dylan
- I’m Not There (2007)
A sa sortie, en 2007, ce film retraçant de la vie de Bob Dylan avait fait couler de l’encre. Pour chacune des six étapes de la vie du chanteur nobélisé qui sont déroulées durant le film, ce sont six acteurs différents qui se succèdent à l’écran. Une fois la confusion dépassée, le choix parait évident au regard de la polymorphie de Dylan. On y suit son parcours public tissé de réalité et d’inventions, de sa capacité à se cacher derrière des masques, d’une carrière placée sous le signe de la réinvention perpétuelle… .On regrette cependant l’éloignement que peut provoquer ce choix artistique vis à vis du personnage principal, l’impression de ne pas mieux savoir qui est réellement Bob Dylan.
- Don’t Look Back (1965)
Pour cela, il faut visionner le documentaire réalisé par D.A Pennebaker lors de sa tournée en Angleterre. En 1965 le vidéaste suit Bob Dylan pendant trois semaines et capture sur sa bobine les scènes auxquelles il assiste. Son approche artisanale du cinéma et sa capacité à se faire oublier donne l’impression au spectateur d’être la caméra. Nous sommes dans le taxi avec Dylan, nous observons son rapport de proximité avec son manager Albert Grossman, nous assistons à sa dispute avec les musiciens de Pretty Things, au concert privé et timide de Joan Baez… . Si « I’m not there » offre une vue panoramique sur la vie et l’oeuvre de Bob Dylan, « Don’t look back » offre un portrait neutre du musicien sur lequel nous sommes libres de nous faire notre propre avis.
Bonus : Love & Mercy et Dick Dale
Nous ajoutons un quatrième élément, qui nous fait mentir sur le titre de la chronique, car nous n’arrivions pas à nous résigner à ne pas parler des Beach Boys, et ce pour plusieurs raisons. Tout d’abord car c’est un groupe fantastique que nous connaissons finalement assez mal, mis à part quelques-unes de leurs premières chansons. En cela le film Love & Mercy est précieux car il nous mène à la rencontre de Brian Wilson, génie malade et tête pensante du groupe. On découvre toute la créativité du musicien, incarné par l’excellent Paul Dano, mise en œuvre pour donner naissance au 11ème album du groupe de rock nord américain. A en croire l’imagerie choisi par le groupe et le peu d’éléments contrariants cette hypothèse dont on dispose, on a vite fait de considérer que les Beach Boys ont inventé la musique surf. Mais est-ce la vérité ?
Et bien non. Tout le mérite revient au grand Dick Dale, qui s’est éteint le 16 mars de cette année, et c’est la deuxième raison pour laquelle nous souhaitions évoquer ce sujet. Un peu pour rendre hommage au “king of the surf guitar”, un peu parce qu’il savait surfer en jouant de la guitare (alors qu’un seul des Beach Boys savait réellement surfer), on vous encourage à regarder cette épisode de Tracks.
Et pour ceux qui se demandent qui est ce drôle de type, s’il n’aurait pas une importance anecdotique dans l’histoire de la musique comparativement aux grands noms cités ci-dessus, dites-vous bien que c’est sur la musique de cet américain d’origine libanaise que Uma Thurman esquisse ses pas de danse mythiques dans Pulp Fiction.
A la semaine prochaine les amis !