La trilogie du lundi #7
La trilogie du lundi c’est votre rendez-vous hebdomadaire avec trois informations musicales triées sur le volet. On ne se fixe aucune limite de thème ou de format. Notre seul objectif : vous faire découvrir, tous les lundis, trois éléments de la culture musicale sous des formes variées. Un voyage dont vos guides seront tantôt des images, tantôt des sons, tantôt des mots.
La semaine dernière nous avions évoqué notre envie de parler des musiciens qui avait fait le choix de changer de nom de scène. On avait été motivé par des discussions entre potes et l’introduction d’un très bon article de Libération dans laquelle on pouvait lire “s’inventer un pseudo sans voyelles, jouer le clin d’œil référencé ou tout simplement faire confiance à son état civil : il y a mille stratégies pour choisir son nom de scène”. On trouvait amusant de rappeler que, malgré l’atteinte de la célébrité, certains musiciens ressentent le besoin d’en changer. Par aspiration spirituelle, comme Cat Stevens devenant Yusuf Islam, pour coller à un virage artistique, par exemple Snoop Dog durant sa période reggae qui est devenu quelques temps Snoop Lion, ou simplement pour coller à une envie passagère, tel que Prince qui prendra momentanément le nom de son love symbole “O(+>”. Et puis en court d’écriture on s’est aperçu que le sujet était un peu dérisoire et tendait vers le style Topito, du coup on a laissé tomber.
On a pris un virage aussi radical de Prince et avons décidé de vous parler d’un tout autre sujet. Nous avons beaucoup sollicité le contenu que l’on peut trouver sur les internets depuis le début de cette chronique. Pour coller avec l’approche de l’été et une potentielle envie de déconnexion, voici trois bandes dessinées narrant mieux que d’autres l’histoire de musiciens célèbres.
Love in Vain (Mezzo & Duponi, 2014 - Glénat)
Cette bande dessinées format paysage, remplie de dessins en noir et blanc aux ombres impeccables, raconte l’histoire de Robert Jonhson, figure mythique du jazz, mort à 27 ans certainement empoisonné par un mari jaloux. De ce personnage énigmatique dont on ne connaît le visage qu’à travers deux photos retrouvées longtemps après sa mort, les auteurs dessinent un portrait fascinant qui explore son âme tourmentée et son existence sulfureuse.
Un hommage digne du culte phénoménal dont Robert Johnson est l’objet auprès des amateurs de blues et de rock. Non seulement pour son oeuvre magistrale, mais aussi parce que son style a influencé plusieurs générations de musiciens, notamment les Rolling Stones, Eric Clapton, Bob Dylan, Led Zeppelin ou plus récemment les White Stripes. En filigrane de ce portrait, Love in Vain est également une chronique aussi poignante que truculente de la vie quotidienne des Noirs dans le Mississippi ségrégationniste des années 1930.
Pour ceux qui l’auraient déjà lu ou voudraient aller plus loin, vous pourrez vous tourner vers le dessin plus brouillon de la bande dessinée Meteor Slim. Le héros, Edward Ray Cochran a tout largué, et croise les pointures du jazz qui écument le Mississippi en 1935, inclusion faite de Robert Jonhson, évidemment
Une histoire d’hommes (ZEP, 2013 - Rue de Sèvre)
L’intérêt du dessinateur de Titeuf pour la musique n’est plus à démontrer. Déjà pour le nom qu’il a choisi (ZEP étant une référence à Led Zepplin) mais aussi au regard des autres albums qu’il sortait à la fin des années 90, notamment “Les Filles Electriques” dans lesquels il raconte les aventures d’un fan de rock, ou encore la présence récurrente de ses dessins au festival Solidays.
Dans “Une histoire d’hommes” il s’agit moins d’une histoire à propos d’un groupe célèbre que traitant de ce qui se passe derrière la réussite d’un des membres d’un groupe après sa séparation. Franck, JB et Yvan sont partis retrouver Sandro dans sa demeure en Angleterre. Des quatre membres qui composaient le groupe Tricky Fingers, seul Sandro est devenu une rock star. Franck tient un restaurant, JB vend des surgelés et Yvan est paumé. Au cours du week-end, passé et présent se rencontrent et l’heure est alors à la tombée des masques. Près de vingt ans après la brusque interruption de l’ascension du groupe, chanteur, musiciens et parolier relisent les événements et ouvrent les yeux, d’un commun accord, sur ce qui s’est vraiment passé, ce soir-là, dans les loges de la BBC.
Le petit Livre du Rock (Hervé Bourhis, 2010 - Dargaud)
Cette épais livre format 45 tours (160 pages dans lesquelles sont passés en revue 55 ans de rock) propose une galerie de portraits de figures légendaires, une compilation d’anecdotes,de quelques faits divers aussi, parce que les frasques de certaines idoles se sont inscrites parfois dans cette rubrique (suicide, excès et dérives en tous genres). Et même une projection en 2051 en guise de conclusion.
Dans un panorama année par année qui démarre en 1951 (les prémisses, même si on peut remonter encore plus loin), l’auteur égrène les faits marquants, les anecdotes incroyables et ses propres souvenirs de rockophile compulsif. L’âge de Bourhis ne fait démarrer ses « je me souviens » qu’en 1974 mais cela ne l’empêche pas de fournir une multitude d’infos indispensables à celui qui souhaite en connaître davantage sur l’histoire du rock.
Outre un bon travail de documentation, Hervé Bourhis a fait l’effort de dessiner des dizaines de stars du rock, de même que reproduit quantités de logos de groupes. Si l’essentiel de l’album tient plus du dessin commenté, certaines scènes sont 100% BD, comme cette rencontre désopilante entre Elvis Presley et Richard Nixon à la Maison Blanche.