Powerdisc, l’efficacité du twerk et de la nostalgie

Le binôme Powerdisc est la conjugaison de l’art rythmique de Manu Dyens et du brillant jeu de clavier d’Edouard Dardant. Ils se rencontrent lorsqu’ils partent en tournée avec Orelsan dont ils forment une partie du backup band, et se réunissent pour donner vie au projet Powerdisc. Ces deux-là sont loin de débuter dans le milieu et leur rencontre n’a rien à voir avec le hasard. Dans cet interview il sera question, entre autres, de grosses stars du rap français, de farine, de gaming et d’énergie.

Powerdisc les survoltés

Quand on discute avec le binôme Powerdisc on ne peut s’empêcher de se demander comment ils peuvent mener de front autant de projets. Lorsqu’on débute l’interview, Edouard est au téléphone. Il raccroche et explique : « On m’a refilé de la farine de merde. Ah ouais parce qu’à côté je suis boulanger à mi-temps à Oberkampf ! ». Manu nous dit qu’il fait des arrangements pour des musiciens prometteurs, continue à prendre quelques cours en plus d’accompagner des pointures du rap français en tournée.

En tant qu’artistes indépendants les deux zigues sont sur tous les fronts. (Manu) “Pour Powerdisc on fait tout nous même. Les démarches, les créas,… . Pour le clip de Freesbee Dog on avait une boîte de prod qui nous a aidé parce qu’on a fait ça en une journée. Ils nous ont filé la main sur la real exécutive et c’est Édouard qui gérait la DA.  Il fallait gérer le gars qui ne peut être là que de telle heure à telle heure, répéter la chorée, bouger les décors…”. (Édouard) “je t’avouerais que cette énergie a nettement influencé notre nom. 1 mois avant de faire les premières parties de Orelsan on a tout composé, on a enregistré en 1 jour et demi, puis le lendemain on partait les jouer sur scène. Et il fallait qu’on envoie parce que le live d’Orel’ c’est du super lourd !”.

Joue avec les stars

Dans l’intro nous avons dit que leur rencontre n’avait rien à voir avec le hasard. Cependant ce n’est pas un élément complètement absent de cette histoire. Avant de devenir le guitariste d’Oxmo Puccino, d’Orelsan puis de co-fonder Powerdisc, Edouard vend des guitares pendant 6 ans à Pigalle. Durant cette période il fait la rencontre de Vincent Segal (le bassiste et violoncelliste de M, entre autres). 3 ans après avoir jammé du Ray Charles toute la soirée d’un nouvel an ensemble, Vincent Segal le contact et lui propose une audition pour devenir le guitariste d’Oxmo Puccino. Edouard bosse les morceaux, passe l’audition, devient le guitariste d’Oxmo Puccino. Voilà comment on passe d’un magasin de grattes à la scène.

Manu également baigne dans la musique. Son père est le guitariste de renom Roland Dyens et il a suivi une formation de musique au conservatoire puis a fait l’école des musiques actuelles. Cependant, rien ne semblait le prédestiner à la jouer avec Disiz. Dans une interview, le rappeur évoque avoir eu un coup de coeur pour le jeux de Manu. S’il n’est pas retenu par l’équipe de Disiz pour tourner cet été là, le rappeur le contact pour poser les parties batteries sur un enregistrement studio aux Etats-Unis. Depuis, Manu continu à jouer sur scène avec lui.

Lorsque l’on jette un œil aux parcours des deux musiciens, on peut d’ailleurs être surpris qu’ils se soient tournés vers la musique urbaine. En 2009 Eddy n’était plus tellement dans le rap « à part les émissions de Difool sur Sky que j’écoutais dans mon walkman lorsque j’avais 13 ans, j’avais décroché. Mais les trucs qui tournent en boucle, comme ce qu’a pu faire James Brown m’ont toujours fait kiffé. Et dans le rap on retrouve ce truc redondant. J’ai travaillé ma musique sans idée de style que j’avais envie de jouer. Au final le rap regroupe énormément de styles différents ». Quant à Manu, il évoque des discussions qu’il a eu avec son père “on avait l’habitude de dire que l’on ne fait pas la même musique mais qu’au final il s’agit de vase communiquant. Les styles les plus récents empruntent à leurs prédécesseurs et ainsi de suite”.  

De la légèreté, des larmes et du gaming

C’est sur cette même scène urbaine que l’idée du groupe Powerdisc prend forme. En 2013 ils sont tout les deux sélectionné pour jouer de leur instrument respectif pendant la tournée de Orelsan.

Powerdisc ne commence donc pas comme de nombreux nouveaux groupes indépendants sur les planches de salles d’une capacité de 50/100 personnes. Ce n’est pas de la prétention, les petites scènes leurs font même vachement peur (comme vous le lirez d’ici la fin du paragraphe). Immédiatement après avoir mis en boîte leurs 5 chansons, ils sont propulsés en première partie du concert d’Orelsan au Zénith (soit 6990 à Caen).

Pas de quoi donner le tournis au duo qui n’a pourtant encore jamais défendu ses titres sur scène. (Manu) « Tu vois j’ai moins stressé durant le show qu’on a fait à la Java qu’à notre concert au Zenith ». (Edouard) « Mais tellement, il y a un truc de masse (au zénith). Quand tu joues dans des petits clubs, tu vois le premier rang les bras croisés qui se parlent à l’oreille, tu les entends. Alors que dans une grand salle, quand tu penses envoyer du funcking punch, t’es dans ton truc ! Mais clairement c’est un tout autre délire que d’être un backing band. Il faut savoir occuper sa scène, même si dans Powerdisc il y a beaucoup d’instruments. (…) Avant tout Powerdisc c’est une musique légère qui s’écoute sans se prendre la tête. Après on a deux morceaux plus tristes mais c’est plus une question de nostalgie car on a composé de manière très jeux vidéo, avec des boucles qui tournent… » (Manu) « … enfin t’es surtout triste quand ça s’arrête quoi (rires) ».

D’ailleurs l’interview touche à sa fin, Edouard sort d’un coin de son appartement un Hori Real Arcade Pro.V Hayabusa, énorme stick d’arcade pour Nintendo Switch, et déclare son amour aux jeux vidéos.

On retiendra de cette rencontre que Powerdisc c’est presque dix ans d’amitié et une volonté de créer une expérience musicale sincère défendue par deux musiciens qui savent ce qu’ils font. Pour ceux qui n’ont pas eu l’occasion de se laisser porter par l’énergie communicative de Powerdisc, ils joueront au Kidzapalooza le 20 juillet, le pendant de Lollapalooza de Paris pour les enfants. Pour les absents, pas de panique, l’EP “Dance” sortira très prochainement avec 5 morceaux qui vous feront passer du twerk à la nostalgie, et un 6ème morceau 100% instrumental. De plus, un album home-made en gestation devrait sortir septembre-octobre prochain (Edouard : “mais comme on est en mode “auto-démerde” on ne sait pas exactement”).