Trilogie du lundi #8 : Explorer les tréfonds de la musique avec les Pops Conf’

Trilogie du lundi #8

La trilogie du lundi c’est votre rendez-vous hebdomadaire avec trois informations musicales triées sur le volet. On ne se fixe aucune limite de thème ou de format. Notre seul objectif : vous faire découvrir, tous les lundis, trois éléments de la culture musicale sous des formes variées. Un voyage dont vos guides seront tantôt des images, tantôt des sons, tantôt des mots.

Alors que pour certain le lundi soir est une date entièrement dédiée au visionnage du dernier épisode de Game Of Throne (quand ils n’ont pas mis leur réveil à 3h du matin pour le regarder en même temps que les Américains) d’autres curieux se réunissent dans la cave d’une péniche amarrée dans le 19eme pour en apprendre davantage sur la musique en écoutant ceux qui la font et l’étudient.

Effectivement, quasiment un lundi sur deux se tient dans la péniche “La Pop” une série de conférences qui réunissent le plus souvent un scientifique-expert et un artiste autour d’une question a priori banale, mais qui concerne tout le monde, et dont la réponse est loin d’être évidente. Durant un peu plus d’une heure, les intervenants explorent une thématique en lien avec l’univers sonore et/ou musical et font le tour de la question.

Le cycle de conférence est presque terminé (plus qu’une conférence lundi 13 mai sur le sujet “nos sons nuisent-ils aux villes”) cependant elles font l’objet d’une politique éditoriale soignée à travers la parution de Popcasts diffusés en ligne et sur les réseaux sociaux permettant l’écoute à distance de ces échanges. Aussi on a souhaité revenir sur 3 des sujets traités dans les précédentes Pop Conf’ en résumant quelques question qui y sont évoquées lors du débat et relevant une info qui nous a particulièrement plu ou surpris.

La musique rend-elle plus intelligent ?

On le lit dans de nombreux articles et publications : la musique semble avoir d’extraordinaires pouvoirs. Les neurosciences montrent qu’elle est vecteur de plasticité cérébrale; elle permettrait même de faciliter l’apprentissage des langues, de contribuer au développement intellectuel de l’enfant ou de ralentir le vieillissement cognitif. Comment départager le vrai du faux ? Comment distinguer les bienfaits de l’écoute et ceux de la pratique musicale, collective ou individuelle ?

Le passage que nous avons préféré revient sur “l’effet Mozart”, dont s’est inspiré un best-seller des année 90 soutenant qu’écouter la sonate pour piano K448 de Mozart (une des préférées du musicien) augmentait le quotient intellectuel des enfants de 7 à 8 points. Hervé Platel, Professeur de neuropsychologie à l’Université de Caen, remet en question ces résultats. Il souligne que dans cette étude il n’y avait qu’un échantillon de 36 personnes divisé en 3 groupes qui vont écouter 1) la sonate de Mozart 2) une musique relaxante 3) le silence, le tout durant 10 minutes. Le test d’intelligence qu’ils passent ensuite démontre que l’effet bénéfique de la musique de Mozart dure (seulement) 10 minutes. Le scientifique relève aussi qu’une centaine de publications ont prouvé par la suite que d’autres artistes pouvaient également générer un incrément de quotient intellectuel (Beethoven, Bach,…), de même que de passer la sonate de Mozart en commençant par la fin (cela augmenterait la capacité d’apprentissage versus un passage à l’endroit !).

La musique peut-elle être érogène ?

De la musique grivoise de La Renaissance au Leck mich im arsch de Mozart (traduction : “lèche mon cul”, °0°), en passant par l’opposition entre amour charnel et amour sacré du Tannhäuser de Wagner, le sexe se dévoile parfois au cœur même de la musique. Si le sexe peut être le sujet d’une œuvre musicale, le son ou la musique peuvent-ils être un vecteur de jouissance ? Comment le son peut-il générer une sensation de plaisir ? Sur quels mécanismes neuronaux joue l’ASMR, ce nouveau format sonore aperçu sur le web et qui vise à la relaxation ? D’où viennent les fortes émotions que l’on ressent à l’écoute de notre refrain préféré ? Autant de questions et bien plus encore sont au programme de cette troisième Pop Conf’ qui réunira le neurologue Pierre Lemarquis et les créateurs de Voxxx, podcast pornographique audio dédié aux femmes.

L’anecdote qui nous a le plus amusé dans cette conférence est le fait que les castrats (hommes aux voix de femmes qui se faisaient opérer des glandes génitales pour chanter aiguë) pouvaient provoquer des “orgasmes musicaux” grâce à leur chant.

Comment écoutera t-on la musique en 2050 ?

Comment découvrira-t-on de nouveaux titres ? Comment seront élaborées les playlists de demain ? A quoi ressemblera un concert live ? Avec quoi écoutera-t-on la musique chez soi ? Quels sons domineront nos oreilles ? Autant de questions auxquelles tenteront de répondre Suzanne Gervais et ses invités : l’artiste électro NSDOS, la musicienne Bérangère Maximin et Claire Giraudin, directrice de Sacem Université durant cette conférence.

On retient de celle-ci que les habitudes mettent beaucoup de temps à évoluer. Ainsi, si une nouvelle tendance forte devait faire surface en 2050 nous en aurions déjà un aperçu aujourd’hui, ce qui n’est pas la cas d’après les experts interrogés. On a également aimé l’idée de “relinéarisation” de la consommation de biens culturels, autrement dit le besoin d’être synchrone dans l’écoute, le visionnage, de sorte de pouvoir nourrir des discussions par la suite.

 

On se retrouve donc la semaine prochaine, lundi 13 mai, pour une nouvelle trilogie, et/ou à 19h30 pour assister la dernière conférence de ce cycle qui traitera du sujet suivant : NOS SONS NUISENT-ILS À LA PLANETE ?

Bonne semaine à vous les amis !