Trilogie du lundi #10 : La musique au cinéma d’après Blow-Up

La trilogie du lundi #10

La trilogie du lundi c’est votre rendez-vous hebdomadaire avec trois informations musicales triées sur le volet. On ne se fixe aucune limite de thème ou de format. Notre seul objectif : vous faire découvrir, tous les lundis, trois éléments de la culture musicale sous des formes variées. Un voyage dont vos guides seront tantôt des images, tantôt des sons, tantôt des mots.

On a déjà eu l’occasion d’évoquer le rapport entre la musique et le cinéma. Notre premier article sur le sujet partait du principe que vous aviez déjà vu les trois films cultes dont nous parlions et que, tout comme nous, vous aviez considéré que le contenu manquait d’exhaustivité. On vous présentait donc un complément documentaire pour chacun de ces films.

Aujourd’hui notre trilogie part d’un constat simple. Il est compliqué de trouver un bon film (particulièrement lorsque l’on a déjà écumé les classiques). On se perd dans l’interprétation des affiches et autres sites spécialisés. Combien de soirées se sont soldées par le visionnage d’un film déjà vu ou d’un programme original Netflix dont un pote/collègue/chroniqueur/podcasteur a parlé qui s’avère finalement assez peu convaincant ? De notre côté nous avons trouvé une parade, ou plutôt une source d’inspiration. Pour réaliser son Web-magazine (vidéo) “Blow-Up”, Luc Lagier répertorie et classe les films de tels réalisateurs, tels acteurs, portant sur tels moments de vie, ou telles saisons, … qu’il juge clefs. Et ce dernier n’a pas oublié le rapport intime qui lie la musique et le cinéma. Que ce soit une musique dans un générique ou tout simplement la bande son, la présence de musiciens-acteurs, le rôle des instruments, … il classe méticuleusement, comme à son habitude, et justifie ses sélections, nous convaincant au passage de la qualité des films d’où proviennent les images extraites.

L’objectif de cette trilogie est donc, via le travail de Lagier, de vous donner des idées de films et d’en apprendre davantage sur les rapprochements entre la musique et le cinéma. Nous aussi nous aimons sélectionner et promouvoir des vidéos que l’on aime, en particulier lorsqu’elles font de la musique un acteur principal. Voici donc trois épisodes de la série « Blow-Up » qui vous permettront de découvrir des chansons entraînantes et des films grandioses.

Le musicien-acteur : le cas Tom Waits

L’arrivée du vidéo-clip avec les années MTV a eu un effet comparable à l’émergence des romans graphiques pour les romans dont il s’inspirait. A l’imagination du lecteur dans le deuxième cas, et du spectateur dans le premier, se substituait celle du dessinateur ou du réalisateur. Avec le clip-vidéo le message porté par le musicien se trouve interprété par le réalisateur. Cependant, parfois, le rapport entre musique et images s’inverse. C’est la musique qui vient s’appliquer aux images et celles-ci prennent une tout autre consistance. Dans ce cas il est inévitable d’évoquer la musique de Tom Waits. Celle-ci est prend les images particulièrement volubile. Lorsque la bande son joue, les murs gris et bâtiments tristes qui défilent à l’écran racontent une histoire. Son timbre si particulier et son piano ravageur sont donc empruntés par les plus grands rélisateurs. En passant de Francis Ford Copola (dans Coup de Coeur) à Jim Jarmusch (dans Down By Law avec sa scène d’ouverture dont nous avons tenté une très courte description ci-dessus).

Il faut également noter que Tom Waits n’apparaît pas au cinéma que sous forme de musique. Tout comme de nombreux autres musiciens (Iggy Pop, Elvis Presley, …) sa carrière artistique emprunte différents chemin, notamment celui d’acteur. Avec son physique aussi particulier que sa voix, les personnages qu’il campe ne manquent pas d’originalité. Parfois totalement fictifs, d’autre un mélange de fiction et de réalité (par exemple le musicien-médecin qu’il joue face à Iggy Pop dans Cofee and Cigarette). On retrouve d’ailleurs les deux musiciens dans un film actuellement à l’affiche. Le lunaire The dead don’t die de Jim Jarmusch, Iggy Pop y fait un mort-vivant très crédible et Tom Waits tient l’un des rôle principaux en tant qu’ermite observateur de la fin du monde.

Pour davantage de films avec des acteurs-musiciens, l’épisode à propos Lou Reed fait très bien l’affaire également, ou encore celui mettant à l’honneur Neil Young.

La musique dans les films : Xavier Dolan

Si l’équipe Retropicalls n’est pas tombée sous le charme du dernier Dolan, Ma vie avec John F. Donovan, elle reconnait volontiers au réalisateur un talent pour sélectionner la musique de ses films. Dans chacun de ses 7 films, elle anime les scènes avec des paroles signifiantes, anticipant ou confirmant des tendances musicales.

Ainsi dans Les Amours imaginaires les chansons francophones sont légions, bien avant l’arrivée sur la grande scène de The Pirouettes ou Hubert Lenoire. Entre les mains de Dolan elle devient un catalyseur de sentiments, ne manquant jamais de générer pincements au cœur et sourires incontrôlables au moment opportun.

Si nous ne devions citer qu’une scène en exemple, ce serait la pluie de vêtements à la fin de Laurence Anyway qui est accompagnée de l’excellent son électronique “New Error” de Moderat.

L’instrument au cinéma : la place de la guitare et du piano

Comme indiqué dans l’introduction, Luc Lagier prend de nombreux sujets comme base pour ses montages, qu’ils soient humains ou inanimés. C’est donc assez naturellement que nous retrouvons les instruments de musique dans ses analyses. Ici il était très compliqué de départager l’épisode traitant du piano de celui traitant de la guitare. Aussi il sera donc un peu question des deux.

Le piano comme la guitare apparaissent au cinéma pour exprimer le trouble ou le rapprochement amoureux, et parfois pour parodier cette situation (comme dans 7 ans de réflexion de Bill Wilder avec Marilyn Monroe). Le piano, plus fréquemment que la guitare, est utilisé pour contraster avec la peur ou la folie, par exemple dans l’excellent Suspiria de Dario Argento.

La guitare, permettra d’introduire des stars de la musique, telles que Elvis Presley (dans L’homme à tout faire), Johnny Hallyday (dans D’où viens tu Johnny) ou encore le chanteur brésilien Seu Jorge (dans La vie aquatique). Cette vertu est d’ailleurs partagée par le piano, par exemple avec Charles Aznavour dans Tirez sur le Pianiste ou, dans un autre style, Duke Ellington dans Autopsie d’un meurtre. Vous retrouverez l’épisode sur la guitare ici tandis que vous pourrez cliquer sur le lien ci-dessous pour visionner celui sur le piano dont les films qui y sont représentés (en tous cas ceux que nous avons vu) sont très beaux.

En vous souhaitant une très bonne semaine, à lundi prochain !